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Ciné'Mai 68 - avant pendant et après

Que dire de mon Mai 68 ? 


L’exercice est difficile, car tout travail sur la mémoire, rencontre souvent l’oubli et nous conduit au cœur d’un combat pour la maîtrise du Récit. Alors, comme nul ne saurait avoir tout vécu et tout retenu, j’inclinerai à suivre la sage recommandation de Marc Bloch que chacun dise franchement ce qu’il a à dire ; la vérité naîtra de ces sincérités convergentes, ce que le programme de CinéMai propose de mettre en œuvre.
Lorsque Mai 68 se déclenche, je suis à Brive la Gaillarde où j’assure la direction technique d’une coopérative laitière réquisitionnée pour des raisons alimentaires. Là, je vais vivre une mobilisation singulière du personnel avec la projection de films annonciateurs et témoins des évènements. Je n’ai jamais oublié les visages heureux et les propos étonnés et passionnés des ouvrières et des ouvriers de la coopérative.

wolinskiIl soufflait alors un vent nouveau, de justice, libertaire et nourricier dont j’ai vérifié bien plus tard la portée en parlant avec mon voisin de rue, ouvrier à l’époque : un de mes plus beaux souvenirs, me dit-il, a été le jour où, après les évènements, j’ai reçu ma nouvelle feuille de paye où j’ai découvert une autre reconnaissance de mon travail. Au plus près de moi, c’est ma mère, ouvrière dans une fabrique d’imperméables, qui se souvient de la chaleur de ses larmes devant son nouveau bulletin de paye où son travail prenait une autre valeur. C’était l’amorce d’une nouvelle répartition des richesses que l’industrie et la finance mettront tout en œuvre pour en changer progressivement le cours, au profit de la rémunération du capital.

De mon côté, je me suis laissé emporter par la vague de ceux qui pensaient que l’heure était venue de changer le monde, avec le cinéma notamment, en tout cas de changer le cinéma, sa pratique, son enseignement, son enseignement pratique. Nous disions alors que, pour enseigner et apprendre le cinéma, il fallait en faire. Mes premiers pas se feront dans le cadre du Centre Expérimental de Vincennes grâce à la réalisation collective de Soyons tout, coordonnée par Serge Le Peron avec la présence notamment de Gérard Leblanc, Danièle Dubroux, Claude Bailblé, Daniel Arroyo Bishop, Pierre Santini, Dominique Grange. C’est l’époque où, si tout n’était pas possible, tout pouvait l’être ; il suffisait d’essayer.

Plus tard, lorsque j’ai voulu créer à Toulouse une Ecole Publique telle que j’aurais aimé la rencontrer quand je fus jeune, je me suis souvenu et j’ai essayé avec de merveilleux soutiens. Aussi, je peux dire que l’ENSAV est la petite fille de Mai 68 puisque, sans ce joli mois de printemps, pas d’Université de Vincennes, sans l’Université de Vincennes, pas de département de Cinéma où j’ai enseigné et, sans ce département, que j’ai aussi co-dirigé trois ans durant, pas d’Ecole Supérieure d’Audiovisuel devenue aujourd’hui Ecole Nationale Supérieure d’Audiovisuel.

Pour ouvrir le débat, un mot d’ordre me revient en mémoire, écrit sur un des murs de l’Amphi de musique de Nanterre : Camarades vous enculez les mouches.

Guy Chapouillié

Télécharger le programme :

pdfMai68.pdf

affiche cine mai terranova

 

 

 

 

 


Séances

Vous pouvez réserver votre place  au tarif unique de 7,20€ en cliquant sur le lien de la séance.


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