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De Chaque Instant

Film de Documentaire de Nicolas Philibert - France - 2018 - 1h45

Chaque année, des milliers de jeunes gens se lancent dans des études en soins infirmiers. Ce film retrace les hauts et les bas d’un apprentissage qui va les confronter très tôt à la fragilité humaine...

De chaque instant s’avère un film d’une grande douceur, nous laissant avec l’impression surprenante mais bienvenue d’une éducation où bienveillance et dignité se conjuguent pour former ceux qui nous assisteront dans les moments de détresse. Cahiers du Cinéma

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« De chaque instant », film de Nicolas Philibert, 2018

Le film « De chaque instant » dresse un panorama sensible de la formation des impétrants des sciences infirmières. C’est avec beaucoup de délicatesse que le réalisateur s’est attaché à rendre compte de la formation de ces professionnels de santé.

Une mise en scène très empathique montre à la fois les formations théoriques, les apprentissages pratiques et leur mise en œuvre dans des stages. Le métier d’infirmièr(e)), s’il comporte toujours une dimension technique indéniable, ne peut s’exercer sans que, concomitamment, soient développées des compétences relationnelles et des compétences éthiques. L’exigence des compétences relationnelles est d’offrir aux personnes malades une présence et une écoute non jugeante, pour leur permettre d’être reconnues comme des sujets et des personnes dignes et non comme des objets de soins. En ce qui concerne les compétences éthiques, elles ont pour finalité de s’inscrire dans une éthique du « prendre soin » qui questionne les principes fondateurs de l’éthique médicale : la bienfaisance, la non malfaisance, le respect de l’autonomie et la justice tant en matière de respect des droits des personnes malades que d’équité d’accès aux soins. Au travers de temps de débriefing, le film donne la mesure de ce que produit la confrontation à la fragilité, à l’altérité, à la souffrance, et à la mort. On ne doute pas, à la vision de ce film, des risques d’épuisement émotionnel et d’épuisement professionnel, d’autant que l’on connaît la très courte durée d’exercice de la majorité des infirmières.

Il est un moment remarquable, dans ce qu’il montre de l’asymétrie qu’il peut y avoir entre les malades et les soignants, dans une scène particulièrement touchante et profondément humaine entre un apprenti infirmier et une personne malade relevant de soins psychiatriques.

Dans les recommandations de savoir-être de cette profession il est recommandé de garder la bonne distance. Dans des exercices de jeux de rôle, on mesures combien cela peut être difficile.

Bien entendu, au travers des témoignages de certains d’entre eux, est convoquée la crise de la protection sociale et ce qu’elle génère le plus souvent : le manque d’effectifs. Pointe alors la réalité d’une maltraitance ordinaire, lorsque les conditions d’un exercice professionnel apaisé ne sont plus réunies.

C’est de ce sujet que nous souhaitons discuter autour de ce film : l’un des principes fondateurs de l’éthique médicale est de ne pas nuire aux personnes malades. Le XXIe siècle a vu apparaître un nouveau paradigme celui de la « bientraitance » qui est dorénavant fortement lié à la qualité des soins. Surgit alors une question douloureuse : qu’en est-il de la maltraitance lorsque les soignants sont en souffrance ?

Thierry Marmet - EREOCCITANIE


Séances


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