Moullet, Jeunesse !
3 films de Luc Moullet du 19 juin au 23 juillet 2024
« Luc Moullet est sans doute le seul héritier à la fois de Buñuel et de Tati. » Jean-Marie Straub
« Je me moque de mes ancêtres et de leur sordide avarice préalpine, mais c’est grâce à leur astuce en matière d’économie (j’allais d’ailleurs devenir prof d’économie cinématographique à l’université) que j’ai pu vivre sans gros problème (sauf pendant vingt-neuf mois, jusqu’à ma première grosse rentrée de fric le 2 août 1973) et tourner mes films pour bien moins cher que les copains. Aujourd’hui, j’essaye péniblement, sans y parvenir, de foutre en l’air mon pèze au moyen de dépenses extravagantes : un jour, j’ai pris un taxi sur quatre cents bornes pour passer deux heures à Monument Valley. Mon aïeul Julien Moullet, dit Souvarine (car il était communiste) se retournerait dans sa tombe s’il savait. Et sous l’influence de ma femme, j’ai une garde-robe pléthorique : je suis l’Elizabeth Taylor mâle. »
« Un jour, Rohmer me dit : “Je sais pourquoi vous adorez Buñuel. C’est parce que vous êtes tous les deux des fumistes.” C’était le plus beau compliment qu’on puisse me faire. Être comparé à Buñuel… Hommage d’autant plus touchant qu’il était involontaire, masqué derrière une apparence critique évidente. Irkokian Zygmondy Zebetarat Ortokoz (c’était l’expression phonémique de mon plaisir, ou de ma jouissance, un peu comme le Hojotoho de La Walkyrie)… Il voulait dire par là que nous n’avions ni l’un ni l’autre d’univers plastique cohérent, non plus qu’une idée préalable du cadre, trop occupés à tout miser sur des provocations extérieures visant à créer le scandale. »
Luc Moullet — Mémoires d’une savonnette indocile