Le Garçon et le Héron

On plonge avec ravissement dans cette poésie, ces images d'une beauté rare, cet imaginaire foisonnant, avec l'émotion toute particulière des dernières fois. Si Le Garçon et le Héron n’est pas le dernier film de Miyazaki, il est l’un de ses meilleurs films à ce jour, aussi aventureux que Le Château dans le ciel, aussi sublime que Princesse Mononoké et aussi imprévisible que Le Voyage de Chihiro. Si Hayao Miyazaki nous éblouit à chaque film, "Le Garçon et le Héron" dépasse l’entendement. Porté par une pensée animiste incarnée par ce maître héron, le récit perd toute cohérence rationnelle pour mieux initier le jeune apprenti, et le spectateur, à une autre vision du monde. Dans cette odyssée magique, entre rêves fantastiques et réalité transfigurée, frappent le génie des dessins, la créativité extraordinaire des décors détaillés mis en mouvement, la composition minutieuse des paysages rehaussés dans un jaillissement de couleurs. Tel Alice aux pays des merveilles, Mahito glisse d’espace onirique en corridors fantastiques, avec un emballement pour le moins déconcertant. L’on peut ainsi être pris de vertige à voir le film déployer ses ailes de plus en plus grand, loin et vite, muant constamment grâce à un moteur narratif surpuissant, conçu par un maître au sommet de son art. Les Inrockuptibles